Mercredi 13 avril: Film: "Comment j'ai préféré la plume" présenté par Michel Massal
jeudi 14 avril : conférence " Le hautbois" présenté par Bruno Salenson
Vendredi 15 Avrli: conférence sur le film "Les Mistons" présenté par Bernard Bastide (voir la rubrique cinéma)
Le haut bois
Dans le cadre de la mini-prima occitana, Bruno Salenson, spécialiste du hautbois languedocien, instrumentiste-interprète, organisateur, rassembleur, et aussi facteur d’instruments à vent, nous a présenté une conférence très riche et intéressante sur le thème « l’autbòi (ou l’aubòi) !
Qu’es aquo ? « Oui le hautbois, c’est quoi ?
Bruno Salenson nous a fait un exposé historique, scientifique, géographique, technique, musical, et humain, remarquable !
Le hautbois est un instrument à vent, en bois de buis ou d’olivier, de perce conique, dont le son est créé par la vibration d’une anche double à son embouchure (il faut souffler dedans, très fort, en pinçant les lèvres).
Le hautbois remonte à la plus haute antiquité. Un des ancêtres du hautbois européen est l’aulos grec qui deviendra la Tibia romaine, on retrouve d’ailleurs cet instrument tout autour de la Méditerranée et aussi en Afrique Continentale, il donnera naissance à la Chalemie (chalemelle, chalumeau…). Le hautbois s’est répandu très tôt dans le monde musulman et aussi dans les pays d’Extrême Orient … (jusqu’en Chine et au Japon).
Peut-être est –il arrivé en Languedoc lorsque les Arabes installés en Espagne vinrent s’implanter en Narbonnaise au huitième siècle, avant que Charles Martel ne les chasse brutalement en envahissant et détruisant les cités de Narbonne, Agde, Béziers, Maguelone (qui fut abandonnée avant l’édification de Montpellier)… et Nîmes ou demeure une rue Charles Martel.
Enfin le hautbois figure encore dans les folklores régionaux Européens et toutes les variétés de cornemuses en constituent des dérivés. En pays D’ÒC ils sont aussi utilisés dans les Pyrénées et les Landes…
L’aire géographique d’utilisation du hautbois languedocien se situe dans le Gard et l’Hérault, de La Cévenne à la mer, dans le Tarn, de l’Albigeois à la Montagne Noire, dans l’Aude, du Haut Languedoc au Bas pays de la plaine languedocienne.
J’ai vu jouer un couple de hautbois, venu de Foix, à « la pujada au Pòrt de Salau » (à 2000 mètres) ascension – rassemblement sur le plateau du Col, des amitiés occitano-catalanes !
Hautbois et tambours accompagnaient « Fèstas e balètis ». Ils sont également restés liés aux sports traditionnels des pays d’ ÒC où ils accompagnaient manifestations, défilés et jeux : aux joutes languedociennes ils sont toujours présents, indispensables ; parfois au tambourin, toujours pratiqué, joué, sur les plans de l’Hérault ; dans le Gard, il n’en reste que les noms des places du jeu de ballon, comme à Bernis, Vauvert, Vergèze, un club de tambourin s’est créé à Nîmes … Et la bouvine a remplacé les hautbois par les fanfares de cuivres et autres Pénas. Le hautbois a même failli disparaître complètement, et dans les années 50-60 on ne l’entendait plus qu’aux tournois de joutes. Aux baletis, on n’entendait plus que les cordes des pianos, des guitares électriques, les sons des synthétiseurs électro-acoustiques, les tambours et batteries…
Au début des années 60, il ne restait plus qu’une dizaine d’instrumentistes en Languedoc dont les célèbres frères Briançon, cévenols du Brignon qui « descendaient » chaque été jouer les musiques des joutes à Sète et dans les villages du pourtour de l’étang de Thau et Léon Larose, les plus connus.
Petit mézois, je me souviens des folles courses que nous faisions, mes cousins et moi, par les vieilles rues du village de Mèze pour les entendre jouer et pour voir danser « Lou chivalet »,cheval-jupon au danseur passionné et « increvable », « Lou Titou », avec son serveur d’avoine au tambourin, et son maréchal-ferrant aux instruments de poupée : petit marteau et tenailles pour le ferraget, le jougaire d’aubòi accompagné de son tambour.
Dans les années «Siéissanta et Setanta », les musiciens de folk et adeptes du hautbois l’on sauvé en se regroupant, en réclamant des classes de hautbois dans les écoles de musique, en les animant pour former les instrumentistes… aujourd’hui ils dépassent la centaine.
Bruno Salenson a créé « La chourmalha dei aubòis » (La horde des hautbois), un groupe d’une quinzaine de musiciens « déambulateurs » « que jougan per lei carrièras en fèstas » (ils défilent en jouant par les rues en fête). On les a vu il n’y a pas si longtemps dans le petit « Fenestrou » de l’émission ocitane « vaqui » de FR3 Marseille – Provence (Tous les dimanche- matin à 10h45) où ils arpentaient les rues de Sommières, soufflant dans leurs hautbois…
Après les fêtes de la Saint Martial en haute Cévenne, ils ont participé à la création de la fête des hautbois à Saint Dionisy qui se déroule au printemps de chaque année. Bruno nous a recommandé également la fête du pois chiche qui a lieu les 27, 28 , 29 mai 2016 à Montaren, village proche d’Uzés…
A la fin de la conférence, Bruno et Martine MARC avec leur hautbois nous ont interprété dans la cour de la maison des associations, leur musique, une suite de farandoles provençales, puis des musiques Ibériques… et enfin la musique des joutes languedociennes … Nous étions tous pris, saisis par la force et l’ardeur, l’enthousiasme de ces musiques.
Bravo et grand merci à Bruno et Martine
Miquèu MASSAL
Film réalisé par l'escola occitana d'estiu de Villeneuve sur Lot
"Comment j'ai préféré la plume" (La vie de Marceau ESQUIEU)
Présenté par Michel MASSAL
Marceau Esquieu, en occitan Marcèu Esquieu, né en 1931 à Nadalie (Lot-et-Garonne), est un enseignant, écrivain, poète et conteur occitan, il est décédé le vendredi 2 janvier 2015.
Professeur de lettres classiques et d'occitan à Villeneuve-sur-Lot de 1957 à 1992, Marceau Esquieu n'a eu de cesse de faire connaître, et d'écrire lui-même, dans des registres variés, la langue de ses ancêtres. Il a fondé en 1973, et animé l'Escòla occitana d'Estiu (École occitane d'été
Marceau Esquieu a participé à de nombreuses émissions de télévision pédagogiques sur l'occitan (Parlar occitan), produites par FR3 Aquitaine de 1983 à 1985.
Un autre aspect essentiel de l'œuvre de Marceau Esquieu tient à l'oralité : c'est un conteur.
Nous lui devons beaucoup ! Sa manière, son « Biais de dire », de parler de l’histoire, de la littérature, de les subvertir avec son bon sens paysan, sa tendresse sans bornes… ses coups de gueule… ses pintes de rire… il manque à tous ceux qui l’ont connu et aimé…