Une journée à Martigues, la Venise provençale
Dimanche matin 22 mai, malgré un temps maussade et frisquet une quinzaine de personnes prennent place dans diverses voitures, direction Martigues. En cours de route, le soleil perce les nuages : la ville s'offre à nos yeux baignée de cette lumière marine qui a attiré nombre de peintres et cinéastes.
Solange notre guide se présente. Au fur et à mesure que nous déambulons nous passons devant le musée Félix Ziem et la médiathèque Louis Aragon.
Martigues se situe entre mer méditerranée et étang de Berre pour former un grand territoire de la basse Provence. Des sites archéologiques témoignent des premiers aménagements de celle qu'on appelait MarctimaAvaticorum. Ce village de pêcheurs s'articule autour de trois quartiers : Ferrieres, l’Île, Jonquière. En 1851 l'acte d'union met fin aux rivalités intestines. Ces trois communautés donnent naissance à l'actuelle Martigues.
C'est aujourd'hui une ville de 48000 âmes répartie sur 7000 hectares. C'est aussi une ville posée sur l'eau, cernée par des canaux ; des ponts relient les trois quartiers d'où l'appellation de « Venise provençale »rendue célèbre par la chanson de Vincent Scotto, interprétée par l'inoubliable Relis.
Au bout du quai des girondins nous découvrons un couple de statues en bronze de Langlois « le pêcheur et la ramondeuse ».Situés à côté, sur le canal, des « pointus » rappellent qu'autrefois la richesse de Martigues c'était la pêche aux mulets. Avec leurs œufs on fabrique la poutargue ou caviar martegal. En face de nous, sur un mont de 122m se dresse l'église de Notre-Dame des Marins.
Le pont du canal Baussengue guide nos pas vers le vieux Martigues. Solange nous regroupe au centre de la Place Maritime, zone piétonne sur l'eau. Derrière une vitrine et suite à des fouilles, un village gaulois à été reconstitué. Nous sommes intrigués par un empilement de galettes d'argile. Elles servaient tout simplement à maintenir droites les amphores. Quelques pas plus loin notre regard est attiré par le clocher de l'église Ste Marie-Madeleine : son campanile est ajourné pour cause de mistral ! Au détour d'une rue, parmi des bâtiments du XVIIe et XVIIIe siècle trône une fontaine de galets. Quai Poterne, une maison en chapeau de gendarme nous étonne par la forme de son pignon et son balcon en fer forgé, c'est là qu'a été tourné en 1963,le film « la cuisine au beurre » avec Bourvil et Fernandel.
Le marché avec ses couleurs, ses odeurs, nous pousse vers la place Mirabeau avec sa fontaine adossée XVIIe. Alentour le haut des maisons ainsi que l'angle des rues sont surmontés de statues ou de cigales. Nous empruntons le pont du canal Gallifet, longeons le quai Bresson pour admirer le site du Miroir aux Oiseaux : ce plan a fasciné des peintres comme Ziem, Corot ou Delacroix pour ses multiples reflets d'oiseaux sur l'eau.
Retournons à l'église Ste Marie-Madeleine fermée par une belle porte en noyer sculptée surmontée d'une statue à l'enfant. Tout en haut, très haut une représentation de Dieu le Père. A l'intérieur nos yeux s' habitue à la pénombre pour admirer l'orgue, le plafond, les tableaux. L'un d'eux représente St Honoré, en regardant de plus près, vers le bas à gauche, on devine un boulanger enfournant son pain.
Il est 13h : les jambes flageolent, les estomacs crient famine. Qu'à cela ne tienne, un bon repas nous est servi.
L'Après-midi nous repartons vers un tout autre lieu : nous marchons sur les vestiges de l'Oppldum St Pierre. Les contours pied deux sont bien visibles. Tout à côté d'une cabane en torchis se dresse la chapelle St Pierre. D'aspect assez vétuste sa porte présente des frises, des moulures ; elle est coiffée d'une croix taillée dans le bois. Tout autour, vue imprenable sur les collines de Martigues couvertes de pinède.
Le vent s'est levé, nous décidons d'aller faire une balade en bord de mer où de nombreux wind-surfeurs s'en donnent à cœur joie. Pour nous, pas de baignade, l'eau est trop froide ! Le soleil baisse à l'horizon, nous mettons fin à cette escapade vivifiante, bien plus riches qu'avant, de culture et d'émotions.
Pointus : barques
Ramendeuse : ravaudeuse de filets de pêche
Andrée ESPADA