Dictée 2018
Rencontre avec Janine Tesson et son roman
"Le douzième corps"
Samedi 30 janvier 2018
Jeanine TESSON est une romancière française. Née à Toulon, elle passe son enfance au Maroc puis en Côte d'Ivoire. Elle vit maintenant dans le Sud de la France.
Après avoir exercé divers métiers (enseignante, couturière, clown, éducatrice), elle se lance dans l’écriture. Son premier roman est publié en 1993 et obtient le Prix du premier roman. Elle a publié à ce jour une quarantaine de livres dont certains traduits en espagnol, portugais, allemand, italien, catalan, coréen et chinois.
Janine Teisson est depuis 2015 responsable de la collection "D'un noir, l'autre" chez l'éditeur Chèvre-feuille étoilée.
"Le douzième corps"
Dans « Le Douzième Corps » passé et présent sont imbriqués ; Romane parcourt le Périgord de village en village, selon le trajet sanglant suivi autrefois par la division Das Reich. Elle enquête sur la disparition du soldat Hans, son grand-père qui n'a jamais répondu à son amante Marguerite après la libération. Elle fait ressurgir des crimes cachés, des secrets mal enterrés, encore assez vifs pour la mettre en danger.
Qui est enterré dans le champ maudit ? La dernière guerre mondiale recèle des secrets qui remontent à la surface et leurs ondes de choc ébranlent la vie de familles entières, en France et en Allemagne, broyant celle d'Helga disparue en Périgord en 1953. Ces dégâts collatéraux s'étendent aussi à la guerre d'Algérie et marquent encore la politique locale en 2003. Les bassesses et leurs conséquences résonnent dans le présent. Mais par-dessus tout, il y a l'amour qui lui aussi traverse les âges.
La traditionnelle dictée a tenté de piéger 22 participants qui ont dû déjouer les embûches dressées par Janine TEISSIER. C’est une auteure très prolifique car elle a écrit des romans, des pièces de théâtre, ainsi que des contes pour enfants et des polars Monique BARRIERE et André GARDIES, présentent l’écrivaine et nous passons à la dictée dans laquelle on parle de cantharide royale et d’essence de sassafras.
Le meilleur score est obtenu avec seulement trois fautes. Après la correction, c’est le quizz tiré le roman « Le douzième corps », un policier dont l’intrigue se déroule en 1941 en plein cœur de la seconde guerre mondiale.
Cet ouvrage est dédicacé par la romancière, ainsi que divers autres, tirés de sa fertile création.
Après l’apéro, un repas froid est pris en commun au cours duquel, Janine TEISSIER évoque ses débuts d’écrivaine et nous dit que l’écriture est un très gros travail.
Bernard AUGIER
LA DICTEE
HAROUN était un vieil homme lubrique. De ces sybarites qui, leur vigueur faiblissant, ne prennent pas le parti de jouir de l'amitié, des arts et de la tiédeur des jours, mais s'accrochent au seul plaisir charnel, au point d'en être obsédés.
Pour soutenir leur virilité fléchissante, ils dépensent leur fortune en achat de cantharides royales, essence de sassafras, poudre de corne de rhinocéros, hachis de nerf de cerf, testicule de baleine confit, hanaps pleins de mandragore marinée au jus de pendu et autres ragoûts d’hippopotame. Certains s'empoisonnent à ingurgiter des feuilles de marrube rissolées à la graisse de saule d'Égypte, ou de la férule persique mêlée au marc de résine de pin, saupoudrée de racine de nénuphar râpée. Pour les uns rien ne vaut le rhizome de galingale indienne pilé avec la fleur d’hémérocalle. Pour les autres c'est la noix d'Abyssinie bouillie dans une eau d'aristoloche qui serait souveraine.
La vieille femme riche a, en ce domaine, plus de chance, puisqu'il lui suffit d'acheter des garçons.
Haroun lui, parcourait sans se lasser des milliers de lieues pour assister aux ventes aux enchères d'esclaves femelles dont il ne regardait que les pieds. Son sexe ne donnait signe de vie que lorsqu'il était pétri par deux minuscules pieds de femme.
Sa dernière amante était très jeune. Il l'avait découverte sous son haïk au cours d’une odyssée harassante de plusieurs mois.
Oui! Loué soit ce vieillard hépatique, libidineux, hâve, à la peau halitueuse! (chaude et moite de sueur)